Page 4 - Soleil Lapon
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Mon travail consiste à comprendre, dans une approche scientifique, les environnements
spatiaux de la Terre et des autres planètes.
Les aurores polaires sont, de ce point de vue, l’un des derniers maillons d’une longue
chaîne de phénomènes qui nous lie au Soleil. Ainsi, chaque fois que j’en observe – plusieurs
fois par an – en pays Sami ou en Arctique, je n’y vois pas seulement la beauté inouïe
de ces nuits enflammées. J’y vois des particules soufflées par notre étoile il y a quelques
heures à deux jours et demi, qui ont franchi plusieurs millions de kilomètres, se sont heurtées
à notre barrière magnétosphérique, ont trouvé un passage par l’une des portes d’entrée
– point subsolaire, flancs de la magnétopause, cornets polaires ou point de reconnexion côté
nuit – pour échouer dans l’anneau de courant, tourner autour de notre planète à quelques
rayons terrestres puis, au gré des collisions, se rapprocher de l’atmosphère conduites
par son champ magnétique, s’y précipiter, heurter le gaz au dessus de quatre-vingts
kilomètres d’altitude et générer les aurores par la désexcitation des atomes et molécules cibles.
Cette compréhension-là n’atténue pas la magnificence du tableau muet qui se déroule
au-dessus de moi : elle l’enrichit, et me met en connexion directe avec le cosmos.
Une connexion intellectuelle et physique, qui affecte tous mes sens me rend l’aurore plus
merveilleuse encore.
Est-ce la seule approche possible ? Non bien sûr !
Elle n’est même pas nécessaire. Elle n’est qu’une parmi plusieurs.
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